Le roi Saül est mort à la guerre, ainsi que son fils Jonathan. La nouvelle vient de parvenir au palais et c'est la panique. Que va-t-il arriver aux membres de la famille royale ? Vont-ils être tous tués par le nouveau roi, comme c'est souvent le cas ? Pendant de nombreuses années, on le sait bien, Saül a poursuivi David de sa haine, pour le tuer. Or c'est David le nouveau roi ! Jonathan, fils de Saül, avait un fils de cinq ans, appelé Mephibosheth ; lorsqu'on entend dire que Saül et Jonathan sont morts, la nourrice de l'enfant l'emporte et s'enfuit. Mais, dans la précipitation, il tombe et reste boiteux. (2 Samuel 4. 4) Pauvre garçon, blessé aux jambes, infirme à vie, qui doit se cacher par peur du nouveau roi !
Mais David, qui a succédé à Saül, est un roi choisi par Dieu, aimé de tous ses sujets. Il donne la prospérité et la paix à son pays. Un jour, il se souvient avec nostalgie de son ancien ami Jonathan, il se souvient qu'ils s'étaient juré fidélité. (1 Samuel 20. 13-17) David se rappelle sa promesse et pose la question : « Reste-t-il quelqu'un de la famille de Saül, pour que je lui fasse du bien à cause de Jonathan ? » Il dit précisément : « j'userai envers lui d'une bonté de Dieu. » 2 Samuel 9. 1, 3 On fait venir Tsiba, un serviteur de la maison de Saül. À la question du roi, il répond : « Oui, il y a bien un fils de Jonathan, il est boiteux ! » Il voulait dire : je doute vraiment qu'un infirme t'intéresse, roi David, toi qui as dit qu'aucun aveugle ni boiteux n'entrerait dans ta maison. (2 Samuel 5. 8) Sans une seconde d'hésitation, le roi demande : « Où est-il ? » Quel qu'il soit, où qu'il soit, il faut le faire venir tout de suite...
Quelle peur pour Mephibosheth, qui aurait désiré rester anonyme, inconnu du roi qui avait succédé à son grand-père ! Mais il est obligé d'obéir à l'ordre du roi. Le voici devant David ; en tremblant, il se prosterne. David l'appelle par son nom et lui dit aussitôt : « Ne crains pas, car certainement j'userai de bonté envers toi à cause de Jonathan, ton père. Je te rendrai toutes les terres de ton père et tu mangeras continuellement à ma table... comme un des fils du roi. » 2 Samuel 9. 5-11 Mephibosheth, dans la conscience de son indignité, s'écrie, avec reconnaissance : « Qu'est ton serviteur, que tu aies regardé un chien mort tel que moi ? » Il emploie ainsi un des termes les plus méprisants qu'il connaisse. Que méritait-il, en effet ? Rien du tout ! L'amour de David est gratuit, sans condition.
C'est cela, la grâce : donner à un infirme, un homme sans attrait et sans importance, à quelqu'un qui ne le mérite pas, les privilèges réservés au propre fils du roi. Tous les jours, quand Mephibosheth se glisse maladroitement à la table du roi, on ne voit plus qu'il est boiteux. Il peut contempler son bienfaiteur et manger, sans arrière-pensée, la nourriture royale.
Cette histoire vraie de l'Ancien Testament est comme une parabole.
Tout au début et pas pour très longtemps, Mephibosheth était un enfant heureux, qui grandissait près de son père. Mais quand le désastre arrive, la peur apparaît et le garçon est victime d'une chute qui le laisse infirme à vie. — Dieu avait placé Adam et Ève, nos premiers parents, dans un beau jardin, où ils vivaient heureux, dans sa proximité. Mais quand le péché apparaît, par leur désobéissance, ils sont victimes d'une « chute » qui les rend « infirmes » et pécheurs pour toujours.
Le roi David, à cause de son amitié pour Jonathan et de ses promesses, recherche une personne à qui il pourrait montrer sa grâce. - À cause de son amour, notre Dieu continue de chercher et de sauver quiconque est perdu, sans espoir, loin de lui.
Mephibosheth ne possédait rien, ne faisait rien et ne méritait rien. Il accepte humblement ce que le roi lui propose, sans chercher à gagner sa faveur. — L'homme, conscient d'être tout à fait indigne de la bienveillance de Dieu, se repent et reçoit avec reconnaissance son don de grâce.
David ne se contente pas de tirer Mephibosheth de sa misère et de sa crainte, il lui donne une place d'honneur, à sa propre table. — Dieu nous sort de notre existence triste et mauvaise pour nous amener dans son intimité et faire de nous ses enfants, qu'il nourrit et chérit.
L'infirmité de Mephibosheth était un rappel continuel de la grâce de David. Mais, quand il était assis à table, à côté des fils du roi, on ne voyait plus son handicap. — Un jour, nous serons tous assis en présence de notre Seigneur et nous chanterons ses louanges, sans fausse note. Nous ne serons plus boiteux, infirmes, faibles, blessés, malades. Tous ensemble, dans la joie, nous lui rendrons hommage.
« La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ. » Jean 1. 17 La grâce de Jésus, c'est l'amour qui s'abaisse. Par grâce, il a quitté la gloire du ciel pour descendre jusqu'à nous. Lui qui était riche, il a vécu dans la pauvreté pour nous. Il a porté nos péchés, nos fardeaux, nos chagrins. La grâce a coulé avec ses larmes, avec son sang. Elle s'est répandue en paroles. « Ne crains point » est la parole qu'il a répétée le plus souvent. Il n'a pas regardé les gens de haut, il n'a pas menacé, mais il a consolé, rassuré, accueilli à bras ouverts.
Aujourd'hui encore, il te dit : « C'est moi, n'aie pas peur ». Viens tout près, je veux te sauver, te guérir, te rendre heureux en ma présence. Et tu ne me dois rien, car tout est gratuit.
Beaucoup de gens pensent qu'il faut payer Dieu et mériter sa faveur. Ils font beaucoup d'efforts, « des œuvres », sans savoir que la désobéissance d'Adam a contaminé toute la race humaine et que rien de ce que fait l'homme ne peut plaire à Dieu.
Comment lui plaire, alors ? « Sans la foi, il est impossible de lui plaire. » Hébreux 11. 6
Qu'est-ce que la foi ? C'est croire ce que Dieu dit, lui faire confiance. C'est accepter ce qu'il donne (comme tendre la main et dire merci quand on te fait un cadeau). Le plus grand de tous ses dons est celui de son Fils : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu'il ait la vie éternelle. » Jean 3. 16
À celui qui croit en lui, il a donné le droit d'entrer dans sa famille et de devenir son enfant :