Pendant 176 jours Séville n'est plus seulement la capitale de l'Andalousie espagnole, mais le cœur de la planète. 110 nations montrent à des millions de visiteurs les réalisations scientifiques, techniques et artistiques dont elles sont fières. Le meilleur de la technologie contemporaine y est « exposé ». « Tout est possible, dit un journaliste : lancer un message vers les espaces interstellaires, se promener à l'intérieur d'un atome ou explorer les confins de l'univers »... À l'ombre de la maquette d'Ariane 4 (70 mètres de haut), un ministre affirme son espoir que cette exposition aide à résoudre les problèmes mondiaux essentiels : nourrir le monde, soigner les hommes, gérer la planète et... rapprocher les peuples.
Grâce à la biosphère et à de nombreux systèmes de conditionnement d'air, comme la micronisation de l'eau et la création de nuages artificiels, la chaleur qui dépasse les 40° est abaissée de 10°: « l'homme fait la pluie et le beau temps ».
Dressées vers le ciel, les tentes du grand auditorium offrent un regard à 360° sur 5 siècles de découvertes au service de l'homme. « Si l'homme y consacre tous ses efforts, un monde nouveau en surgira » dit le commissaire général. « L'ambition de l'homme ? alléger sa peine, multiplier ses forces... et, d'invention en découverte, être le maître de l'univers ».
De plus, c'est du développement des communications que l'homme est le plus satisfait. « Grâce aux télécommunications, la distance est vaincue, les contacts humains se multiplient, la qualité de la vie s'améliore... » N'a-t-il pas conçu un ordinateur capable de lire sur les lèvres de l'homme et de restituer ses paroles distinctement ? Et cette machine, de la taille d'un attaché-case, qui, au fur et à mesure que l'utilisateur promène un lecteur de la grosseur d'une lampe de poche sur les lignes d'un livre, lit à haute voix le contenu des pages et en décrit les images ! Quel bienfait pour les aveugles !
Pourquoi une exposition universelle ? Pour exalter les progrès humains... contribuer au rapprochement des peuples... apporter la paix au monde... conjurer pour toujours la malédiction de la Tour de Babel... (quelques réponses lues dans la presse).
Par ce forum d'échanges culturels, l'homme est persuadé qu'après avoir réalisé un marché commun et une monnaie commune, il va trouver un langage commun. Son ambition n'a pas changé depuis 4000 ans, depuis Babel. Après avoir vu l'exaltation de l'homme et entendu ses orgueilleux discours, Dieu dit encore, comme autrefois : « Associez-vous, peuples, et vous serez brisés. » Ésaïe 8. 9
« Car il y a un jour de l'Éternel contre tout ce qui s'exalte et s'élève... La hauteur des hommes sera humiliée et l’élévation des hommes sera abaissée », partout où brille son génie (dans le domaine civil, militaire, le commerce, les arts...), sanction sur toutes ses réalisations, ses idoles. (Ésaïe 2. 12-18)
Déjà à Babel (Genèse 11), les hommes cherchent à s'unir. Le déluge n'est plus qu'un souvenir ; les descendants de Noé se sont multipliés et de nombreuses familles se sont installées dans la plaine fertile entre le Tigre et l'Euphrate. Tous parlent la même langue. Ils savent faire des briques solides et utiliser le bitume comme mortier. Ils décident de construire ensemble. « Bâtissons-nous une ville et la plus grande tour du monde, disent-ils, nous deviendrons célèbres, aussi forts que Dieu ; nous serons autonomes. » Ils se mettent à l'ouvrage avec ardeur et les murs s'élèvent de plus en plus haut...
Dieu regarde et voit leur prétention à se croire très puissants, à se prendre pour des dieux. Aussi décide-t-il d'intervenir sans attendre que la tour soit terminée. Il les fait tous parler des langues différentes et les disperse aux quatre coins du monde. À partir de ce jour-là les hommes n'ont plus pu travailler ensemble aussi facilement à cause de la « confusion » qui a été le résultat de leur grand projet.
L'orgueilleux sera toujours confus, car « Dieu résiste aux orgueilleux » 1 Pierre 5. 5 et « l'orgueil va devant la ruine. » Proverbes 16. 18
Babel, puis Babylone, et aujourd'hui l'exposition universelle, ont un dénominateur commun : l'homme y est son propre centre. On y voit le déploiement de son intelligence, sa recherche d'une organisation ou d'une association pour assurer le bien de l'humanité et exalter sa propre gloire. Mais Dieu en est exclu. Qu'il en soit conscient ou non, l'homme veut tenir tête à Dieu. C'est une provocation ridicule, « Celui qui habite dans les cieux se rira d'eux, le Seigneur s'en moquera. » Psaume 2. 4 C'est ainsi que le pavillon le plus représentatif de l'exposition, le palais des découvertes, qui devait, en quelques pas, faire franchir au visiteur cinq siècles (de Christophe Colomb à nos jours) a brûlé quinze jours avant l'ouverture !
Quel destin pour notre planète ? Et pour l'homme ?
Le puissant monarque de Babylone, Nébucadnetsar, est mort. Son petit-fils Belshatsar l'a remplacé sur le trône. Au festin où il a invité plus de mille grands personnages de son royaume, le vin coule à flots. Après avoir bien bu, le roi veut étaler ses richesses et ordonne qu'on lui apporte les coupes d'or et d'argent prises dans le temple de Jérusalem. Soudain, comme le roi et ses invités y boivent en l'honneur de leurs dieux, une main d'homme se met à écrire sur le plâtre du mur ! Trois mots ! Tous sont frappés de terreur. Quel est le sens de ces mots ? Aucun des sages de Babylone ne peut les expliquer. « Daniel seul t'en donnera l'explication », dit la reine-mère. On introduit Daniel dans la salle du festin. Au roi qui lui propose richesses et puissance, il répond : « Garde tes cadeaux. Ce que je vais t'annoncer ne va pas te plaire. Souviens-toi de ton grand-père que Dieu a puni de son orgueil. Toi aussi, tu as offensé Dieu en faisant des libations à tes idoles dans les coupes de la maison de Dieu, MENÉ : les jours de ton royaume sont COMPTÉS, THÉKEL : tu as été PESÉ et tu manques de poids, UPHARSIN : ton royaume est DIVISÉ et donné aux Mèdes. »
Cette même nuit, Belshatsar est tué et Darius, roi des Mèdes et des Perses, prend sa place à Babylone.
L'homme se croit-il le maître de la terre ? Il ne peut même pas dompter ses convoitises et ses passions (il ne sait même pas faire taire sa langue : Jacques 3), il est esclave du diable, qui mène le monde.
Pourtant il existe une vraie liberté : « Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant » du péché... Galates 5. 1
Dieu n'a pas encore cassé le jugement qu'il a prononcé à Babel en dispersant les nations. Pourtant l'homme cherche à rassembler autour de lui-même, dans l'indépendance de Dieu. L'exposition est comme un splendide miroir du monde, d'où Christ est rejeté.
Qui autrefois a ainsi étalé la gloire de tous les royaumes de la terre (Matthieu 4. 8-10) ? C'est le diable ; et Jésus, déjouant le piège, lui a répondu : « il est écrit, tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul ».
Le monde ne peut pas être amélioré ; les hommes qui auront méprisé Dieu, sa sainteté, sa grâce, seront condamnés. La fin de ce monde impie, comme autrefois la fin de la fête du roi de Babylone, sera une complète et subite destruction.