Son métier était de faire rire petits et grands en faisant des grimaces, en inventant mille et une sottises. Avant chaque représentation il se maquillait soigneusement : d'épais sourcils noirs en accents circonflexes, un gros nez et des lèvres toutes rouges au milieu d'une figure enfarinée. Il enfilait un costume bariolé : une veste aux manches trop longues, aux vastes poches et un pantalon à bretelles. Il devait amuser les enfants mais il était tellement triste qu'il aurait eu plutôt envie de pleurer ! Son métier lui pesait de plus en plus. Seul dans sa loge, quand les applaudissements s'étaient tus, il s'abandonnait à de violentes crises de désespoir.
Aussi loin qu'il s'en souvienne, la vie n'avait pas été tendre pour lui : orphelin dès son jeune âge, il n'avait connu que la pauvreté dans les bas-quartiers du Havre, grouillant de monde. Pour manger il avait tout essayé, tous les petits travaux et toutes les combines. La liste de ses méfaits était longue. Il avait été si malheureux qu'il aurait voulu mourir. Pour se distraire il avait fréquenté les cinémas, les théâtres, les dancings et... les cirques. Et c'est ainsi qu'il s'était fait clown. Puis marié, il avait eu trois enfants, dont l'un était gravement malade. Sa vie passée, avec toutes ses fautes, lui revenait en mémoire et lui pesait. Il en avait vraiment assez de faire rire les gens. Il était devenu neurasthénique. Il décida de consulter un médecin... « Oh, je sais ce qu'il vous faut, dit celui-ci, allez donc voir le clown qui se produit le soir sur la place, il est irrésistible ! » Il en repartit plus désespéré que jamais. « Même dans le rire le cœur est triste. » Proverbes 14. 13
Mais il se passa quelque chose d'extraordinaire. Un soir dans une réunion, il entendit un chant et des paroles qui changèrent sa vie.
« Il y avait beaucoup de monde, raconta-t-il. Tous chantaient, les voix venaient de partout avec assurance et joie. Un homme s'est mis à parler, il avait lu dans un gros livre. Je ne sais pas ce qu'il a lu. Je me souviens qu'il a dit que j'étais perdu. Il me regardait tout le temps. Je savais bien que je ne pouvais plus m'en tirer tout seul. Et mon cœur battait très fort ! Il a dit : Jésus est mort pour toi, oui pour toi, pour te donner la vie, la vraie vie. Il est le Sauveur... Et il a continué de parler et je me suis mis à pleurer... Il a dit : C'est à cause de ton péché qu'il a été crucifié. Il t'a aimé jusqu'à la mort de la croix. Comprends-tu combien il t'a aimé ? Et il s'est mis à chanter :
Je possède un Sauveur dont l'amour fut si grand !
Il connut la suprême agonie.
Don sublime ! Oh, c'est moi que le divin mourant
Vient sauver dans sa grâce infinie.
Attaché à la croix pour moi,
Il a pris mon péché,
Il m'a délivré,
Attaché à la croix pour moi.
Je savais bien que j'étais ce pécheur pour qui Jésus était mort. Je n'en pouvais plus. Mais peu à peu j'ai commencé à respirer comme si un poids tombait de mon cœur. J'avais envie de rire et de pleurer. J'étais comme dans un rêve. À la maison, je me suis enfermé dans ma chambre et pour la première fois de ma vie j'ai prié. Ce soir-là, j'ai dit au Sauveur : Je sais que c'est pour moi que tu es mort sur la croix, oui je le crois, je le crois vraiment ! Après, j'étais rempli d'une joie très douce, tout chantait en moi, j'avais chaud au cœur, j'étais bien dans ma peau. Dieu m'avait parlé. Et je sais que tous mes péchés, il les a pardonnés, oui tous. Il l'a dit, je le crois. Je sais qu'il est vivant, qu'il est avec moi.
JE NE SUIS PLUS TRISTE. »
Le notaire menait grande vie depuis dix ans... avec l'argent de ses clients. Ce matin, les gendarmes sont venus lui passer les menottes. Bien qu'il soit honorablement connu dans la petite ville où il habitait, il avait trompé tout le monde : ses clients, qu'il saluait toujours très poliment, ses voisins et ses amis, qui profitaient de sa libéralité, et même sa femme et ses enfants ! Il était affable, présentant bien, inspirant confiance. Et pourtant, avec son visage rasé de près et son col blanc, il a ruiné de nombreuses personnes qui avaient épargné l'argent de leur travail. Un jour la fraude a été découverte et le notaire voleur s'est retrouvé en prison.
Parfois la justice ne démasque pas le coupable ou condamne un innocent. Il en est UN, QUI NE S'EST JAMAIS LAISSÉ TROMPER par une apparence correcte et honnête, tu as deviné QUI ? C'est DIEU.
Dieu lit dans les pensées et les cœurs.
Pour passer le temps — les jours sont longs dans un camp de travail — Rocky s'est fait tatouer le visage. Puis tout le corps. Il a voulu par ce moyen changer de personnalité et terrifier tout le monde. Derrière son masque de casseur, il est en réalité solitaire et désespéré. Traînant de ville en ville, de groupe en groupe, jamais il n'a trouvé de vraie amitié ; on ne s'intéresse à lui que l'espace d'un instant à cause de ses tatouages. Quand, tard dans sa vie, il rencontre Jésus Christ, il est tout transformé. Même s'il garde sa vieille peau, il est changé intérieurement et parle à tous de Celui qui l'a cherché et connu malgré son masque indélébile, qui l'a délivré de sa peur et de sa solitude et lui a donné un cœur et un esprit nouveaux. Avec des yeux brillants de joie, il témoigne de l'amour de Dieu qui seul a pu le démasquer, le désarmer, qui, au-delà de l'apparence a sondé son cœur et a vu son immense besoin d'un Sauveur.
Rocky a dit : « Notre vie rend souvent les masques nécessaires. Mais Dieu regarde à travers les masques. Nous n'avons pas besoin d'en mettre un pour lui parler. »
Masque du rire, de l'honnêteté, du cynisme, de la religion… Mille visages, mille apparences ! Peut-être donnes-tu aux autres (pour te protéger ou pour te faire valoir) une image de toi qui ne correspond pas à la réalité : celui de l'enfant sage et pourtant tu as menti... volé... ? Ou celui de la fille délurée, gaie, mais tu es triste, ou celui du gars sûr de lui et tu es complexé... ?
« Dieu n'a point égard à l'apparence des hommes. » Galates 2. 6 Il regarde dans ton cœur, comme à l'aide d'un microscope. Laisse tomber ton masque, ce qui n'est qu'apparence, ton image de marque. Il connaît l'homme et ne se fait aucune illusion.
Son verdict : « Tous ont péché... » Romains 3 Dieu me voit pécheur perdu, incapable de me sauver moi-même, sans espoir.
Son remède : « Le sang de Jésus Christ, son Fils, nous purifie de tout péché. » 1 Jean 1. 7
Et moi : « Je t'ai fait connaître mon péché... ET TOI, TU AS PARDONNÉ... » Psaume 32