Valérie était en prison sous surveillance constante. Ce qu'elle avait fait était très grave. La pauvre fille paraissait tellement butée qu'on craignait qu'elle ne se donne la mort. De temps à autre elle passait par de violentes crises de désespoir.
Profitant de la permission qui m'était accordée, je lui rendis visite, bien que la gardienne m'ait prévenue : « Vous perdez votre temps, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi endurci !
— Jésus est venu sauver les pécheurs » dis-je, et j'entrai.
Valérie ne répondit pas à mon salut ; elle ne leva même pas la tête de son ouvrage. Son visage dur exprimait l'ennui. Je m'assis à côté d'elle et ouvrant ma Bible à Ésaïe 53, je commençai à lire : « Certainement, lui a porté nos langueurs et s'est chargé de nos douleurs... il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités... ». Comme une statue, muette et immobile, elle semblait ne pas écouter. Je relus trois fois le verset 6 : « L'Éternel a fait tomber sur lui l'iniquité de nous tous ». Puis je m'agenouillai et demandai pour Valérie le pardon de Dieu. Avant de la quitter, je dis encore : « Dieu a fait tomber sur Jésus les péchés de nous tous, les miens et les vôtres, Valérie ! Lui s'en est chargé. Si nous restons sous ce fardeau, c'est notre faute ! »
Quelques jours s'écoulèrent. À la visite suivante, la gardienne se précipita vers moi : « Qu'avez-vous fait à Valérie ? Le roc est brisé !
— Que voulez-vous dire ? m'exclamai-je, craignant une nouvelle crise.
— La tigresse est devenue agneau ! C'est à peine croyable ! Vous allez voir... »
Le visage de Valérie était rayonnant. Quand j'entrai, elle se leva, me prit la main :
— « Madame, excusez-moi, balbutia-t-elle, j'avais besoin de vous serrer la main pour vous remercier.
— Valérie, c'est ce que le Seigneur attend de vous : saisissez la main qu'Il vous tend ! »
Les yeux pleins de larmes, elle s'écria :
— Je me sens tout autre !
— Meilleure ?
— Non ! La plus misérable des femmes, mais qui demande à Dieu d'avoir pitié d'elle. »
Et Valérie raconta comment cette parole : « L'Éternel a fait tomber sur lui l'iniquité de nous tous », lui avait fait sentir tout le poids de ses péchés. Désespérée, elle avait cherché Ésaïe 53 dans la Bible que je lui avais laissée et avait lu : « ... Le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui et par ses meurtrissures nous sommes guéris. » Attirée par ce Sauveur qui avait tant souffert pour elle, elle avait compris qu'elle devait décharger son fardeau sur lui et, peu à peu, la paix de Dieu avait rempli son cœur.
Je n'eus plus l'occasion de revoir Valérie, mais j'appris que sa conduite avait complètement changé.
Si tu gémis comme David : « Mes iniquités.., comme un pesant fardeau,... sont trop pesantes pour moi » Psaume 38. 4, décharge-toi sur Jésus Christ de tous tes péchés.
Jérôme a fait une tache d'encre sur sa feuille blanche... Il essaie de la gommer.
Tu as menti, tu t'es mis en colère... Autant de taches que tu crois pouvoir éviter par l'éducation ou le contrôle de toi-même. Mais l'origine de toutes les taches noires est dans ton cœur qui dit « non » à Dieu, c'est ta secrète révolte contre Lui. « Qui donc ne commet jamais de faute ? » dis-tu pour te justifier. Ton péché, tu l'appelles « faiblesse » et tu en accuses l'hérédité : « je n'y peux rien, c'est un défaut de famille... ».
Jérôme n'a pu effacer sa tache... Il essaie de coller les deux pages.
Tu cherches aussi à camoufler le mal. « Le temps efface tout » dis-tu, et tu refoules la faute dans la fosse profonde de ton subconscient. Personne n'en saura rien. Et si parfois elle remonte à la surface, tu te trouves beaucoup de bonnes raisons pour te disculper : « J'ai volé une cassette au supermarché ? Non ! Je me la suis appropriée assez habilement pour ne pas me faire prendre ! ... J'ai été brutal vis-à-vis d'un camarade ? Non ! Je l'ai simplement remis à la place qu'il méritait ! ... J'ai répondu avec insolence à ma mère, refusant de l'aider ? Non ! J'ai été bon camarade en sortant avec un ami... Tout est une question de point de vue ! » Tu t'es fait ta propre échelle de valeurs et tu ne sais plus ce qui est bien, ce qui est mal.
En faisant le mal on peut même acquérir une certaine popularité : Françoise a offert à tout le monde des bonbons achetés avec de l'argent pris dans le porte-monnaie de sa mère. — Pierre est arrivé premier de sa classe en trichant aux contrôles. — Jean s'est hissé au sommet de l'entreprise en écrasant les autres.
Parfois tu te compares aux autres... à ton avantage. « Regardez, tout le monde le fait ! Je ne suis pas seul dans mon cas ! » Tes amis et toi, vous pouvez vous partager les fruits volés mais pas la faute d'avoir volé.
Quand tu te retrouves seul, quel remords ! Ce que tu as fait pèse sur ta vie comme une lourde pierre. Tu es obligé de te distraire par tous les moyens : transistor à fond du matin (avant le petit déjeuner) au soir (avec le dernier bâillement). « Je ne vais quand même pas me laisser impressionner, dis-tu, après tout, ce n'est pas si grave ! Ce n'est pas ça qui va me donner des complexes d'infériorité ! »
Pourtant tu te sens de plus en plus mal à l'aise. Et quand Dieu commence à parler tu ne peux pas dire : je m'en moque !
Un jour tu penses aux dix commandements ou au sermon sur la montagne et ton péché devient un lourd fardeau. Comment t'en débarrasser ? « Ce n'est pas ma faute, dis-tu, c'est lui qui a commencé... Si j'avais eu de meilleurs parents... Si la chance m'avait souri... ». Pour te disculper tu accuses les autres, même Dieu ! Et on trouve toujours plus coupable que soi. Mais montrer son prochain de l'index c'est diriger trois doigts contre soi-même ! Tu le sais, tu es coupable. (Romains 3. 19, 23)
Un seul peut ôter le péché, c'est Jésus Christ, l'Agneau de Dieu, (Jean 1. 29) le seul sans tache. (1 Pierre 1. 19) Lui s'est chargé, à la croix, du fardeau de tous ceux qui se confient en Lui.
Tu n'as pas à multiplier tes efforts pour t'en libérer toi-même. Si tu avoues le mal que tu as commis et que tu crois à la bonne nouvelle du pardon, tu es délivré, sauvé. Et où Dieu met-il les péchés que tu as confessés ? « dans les profondeurs de la mer » Michée 7. 19, pour qu'ils coulent à pic dans l'abîme infini du pardon divin.
Mais il faut tout avouer à Dieu, non se débarrasser d'une partie du fardeau seulement. Donne-Lui la clé de tous les « tiroirs secrets » de ton cœur. Dieu te veut tout entier pour lui.